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Rachad 6 décembre 2019

Le truculent rappeur comorien, Cheikh Mc est de passage à Paris, dans le cadre du Festival Africolor, au Centre Culturel Jean Houdremont à la Courneuve, le vendredi 13 décembre à 20h30. De ce fait, je vous propose de lire ce portrait datant d’avril 2018.

Né le 12 août 1978 dans l’un des principaux quartiers de Moroni (Mtsangani), Abdéremane Cheikh Ahmed (son père est descendant direct de la prestigieuse famille de Said Muhammad bin Sheikh Ahmed, dit Al Maaruf, fondateur de la confrérie Chadhiliyya de Moroni) s’est très tôt lancé dans la musique en optant pour le rap (une musique qui est sous la forme de couplets rimés, séparés par des refrains, accompagnés de rythmes).
Cependant, le rap d’Abdéremane Cheikh Ahmed alias Cheikh MC (son nom de scène) est «roots» (les racines) et il rappelle le paysage pittoresque de sa ville (le coucher du soleil et les boutres du Kalawe). En outre, c’est un rap très engagé qui dénonce, avec ardeur et véhémence, les injustices et les libertés bafouées par certains régimes despotiques.
En effet, le jeune rappeur de la médina de Moroni «ye kari mwana ulilo» (il n’a pas peur d’un enfant qui pleure, se réjouissait un fan de Cheikh MC). Dès 2005, il marque les esprits par un morceau intitulé «Mwambiye»(«tu lui dis!»). Sous la forme d’un pilon qui broie, l’architecte de mots passe au pilori les dérives du régime du colonel Azali Assoumani. Du coup, il devient populaire chez les jeunes des «ma hura» (les quartiers périphériques de Moroni), assoiffés de liberté.
En 2007, le porte-parole des jeunes désœuvrés par le système politique corruptible revient avec un tube époustouflant et poignant:«Msadjadja» (désordre). Encore une fois, le jeune artiste rebelle et engagé pointe du doigt les maux dont souffrent les Comoriens, notamment le désordre organisé et planifié par les détenteurs du pouvoir politique. Fidèle à son rythme et à son esprit d’engagement, l’artiste en herbe décortique le système du désordre en employant des anaphores («Ndo msadjadja! Ndo msadjadja!»).
En 2008, le théoricien de la lutte contre le msadjadja s’ouvre davantage en collaborant avec des jeunes artistes franco-comoriens. Ainsi, il interprète avec Soprano et Don Vincenzo (Psy4 de la rime) «Béramu» (le drapeau). Ces jeunes artistes glorifient l’histoire des Comores en mettant en relief l’hymne national.
En 2014, l’artiste militant conceptualise et met en exergue une thématique cruciale de sa pensée en composant «Révolution» (Réalisé par Comoriano Moud et Kporal Chris). Cette chanson lui a permis d’aller à la rencontre des jeunes des milieux ruraux et d’exposer l’idée d’un soulèvement populaire pour changer le système politique corrompu.
Enfin, en 20017, Cheikh (une appellation affectueuse de certains intimes de l’artiste) et la chanteuse talentueuse Samra composent et interprètent une chanson splendide, intitulée «Djibuwe» (s’enorgueillir). L’arrangement musical est de Cheikh Mc et de Said Comorien(le mari de Samra). Dans ce morceau envoûtant, le duo Cheik Mc-Samra est très bien accueilli par le public comorien (dans les cérémonies comoriennes, Djibuwe passe en boucle).
Par conséquent, le parcours de cet artiste merveilleux est un tableau idyllique méritant la reconnaissance et le respect des Comoriens. Cette bête de scène a trois albums à son actif et un Ep :
2005: «Tout Haut»
2010: «Enfant du tiers monde»
2014: «Révolution»(Ep 7titres)
2017: «UPEZO»

 

Source : Ibrahim Barwane