Pendant une semaine, cette association va tenir des tables rondes, conférences, atelier et exposition dans la médina de Moroni
Depuis ses tout premiers pas aux Comores au XIXe siècle, la photographie ne cesse de prendre forme sans véritablement sortir de l’ombre pour entrer dans la lumière. Consciente que le secteur est peu professionnalisé et est peu visible ne serait ce qu’au niveau régional, l’association, Seaview Artwork, va organiser le «Pica Festival» (le festival de la photographie) du 24 au 30 octobre, pour redynamiser la photographie comorienne.Sur le thème de l’identité, cette première est sensée aider la culture comorienne à «contribuer à l’amélioration de l’offre touristique et cherche à mettre en avant les industries culturelles et créatives comme levier de développement avec l’introduction de nouveaux outils notamment dans le digital et offrira ainsi une opportunité à ses acteurs d’aborder la culture et les arts visuels à travers un prisme innovant».
Pour cette première édition, Seaview Artwork va essayer de mettre
en avant l’œuvre de Mbaraka Sidi, un des tous pionniers de la
photographie aux Comores, qui s’est distingué vers la fin des années
1980.Pour ce faire, une conférence intitulée «L’oeil de l’histoire : la
vie et l’héritage de Mbaraka Sidi, pionnier de la photographie
comorienne», sera animée par l’enseignante à l’Université de la Réunion,
Yakina Mohamed Djelane et Dr Ahmed Oulédi, avec comme modérateur le
photographe professionnel, Farouk Djamily. Cette conférence va proposer
un «regard intime» de la vie et l’œuvre de ce maître de la photographie,
dont les oeuvres emblématiques ont immortalisé de moments clés de
l’histoire et de la Culture comoriennes.
«Faire revire la mémoire de Mbaraka Sidi»
«À travers des récits poignants, des anecdotes personnelles et une analyse approfondie de son travail, découvrez comment Mbaraka Sidi a transcendé les frontières de la photographie pour devenir un chroniqueur visuel de son époque. Rejoignez-nous pour honorer sa mémoire et célébrer son indélébile contribution à l’histoire visuelle des Comores», lit-on, à ce propos, dans un communiqué avant que le président de l’association Seaview Artwork, Ali Ahmed Mahamoud, ne précise qu’il va s’agir de tenter de faire revivre la mémoire de ce grand homme qui a été envoyée aux oubliettes.
L’association Seaview Artwork a programmé plusieurs ateliers,
conférences, tables rondes et exposition qui semblent intéressants. A
l’ouverture, le nouveau vice-président du Congrès culturel panafricain,
Ali Ahmed Mahamoud, va animer un atelier au Centre d’animation
socioculturelle de Mtsangani (Casm), intitulé «Art du portrait :
capturer l’essence de l’individu».Pour sa part, Farouk Djamily va tenir
un atelier, le 28 octobre, sur comment «capturer le monde avec son
smartphone» et une conférence sur «comment explorer les horizons de la
photographie».Entretemps, il y aura deux tables rondes sur la place de
la femme dans la photographie comorienne et sur le rôle d’un directeur
photo. Tout cela dans la médina de Moroni histoire de valoriser ce
patrimoine qui figure dans liste du patrimoine des Sultanats historiques
que les Comores essaient d’inscrire sur la liste du patrimoine mondial
de l’Unesco.
Pour chaque édition, le Pica Festival va célébrer un photographe
qui aura marqué son temps tout en mettant en lumière de nouveaux talents
comoriens avant d’évoluer vers un festival international qui permettra
aux photographes de la région de s’exprimer et de mieux se
connaitre.Pour cette première édition, le choix des conférenciers et des
photographes qui vont exposer s’est fait généralement sur la base d’un
appel à candidature en ligne afin de donner à toutes et à tous la
possibilité de s’exprimer.
Un lieu d’expression et de mémoire
Pica
Festival est une biennale qui offrira une plate-forme aux photographes
émergeants pour s’exprimer tout en faisant vivre l’histoire de la
photographie comorienne. Une question est de savoir si ce festival va
pouvoir tenir dans le temps quand on sait qu’aux Comores, beaucoup
d’initiative du genre n’ont pas duré longtemps. A ce sujet, son
président reste «confiant» et déclare avoir tissé des partenariats
stratégiques qui permettront de faire la différence au même titre que
Médina Festival qui en est à sa quinzième édition.Le chemin semble long
pour la photographie comorienne qui fait face à plusieurs difficultés
que Pica Festival se propose de maîtriser au fil des éditions. «La
photographie comorienne a, avant tout, des problèmes liés à la
formation. Beaucoup de photographes sont autodidactes. Nous n’avons pas
de lieu où nous pouvons nous documenter sur le secteur. Plus grave
encore, il n’y a pas le livre sur la photographie comorienne dans lequel
on pourrait s’inspirer de ce qui a été fait dans le temps. Comme dans
tous les secteurs de l’art aux Comores, les photographes font face à un
manque de résidence, notamment, alors que la photographie c’est une
histoire de tous les jours», estime, pour sa part, le photographe Farouk
Djamily.
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