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Rachad 28 mai 2014

 

nadjwa

Bonjour Docteur Nadjwa Abbas, tout d’abord merci de nous accorder cet entretien. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous décrire votre parcours scolaire et professionnel ?

Je suis médecin pédiatre et j’exerce aux Comores. J’ai fait mes études à l’école annexe, à l’Ecole française puis au lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni. Après mon Bac, j’ai poursuivi mes études à Dakar au Sénégal, où j’ai obtenu mon doctorat de Médecine générale et de médecine tropicale à l’Université Cheikh Anta Diop. Je me suis ensuite spécialisée en Pédiatrie, en Belgique (ULB de Bruxelles) et en France (Université d’ Angers).

A mon retour, j’ai exercé à l’hôpital El-Maarouf de Moroni en tant que chef de service puis chef de département néonatologie et pédiatrie avant d’être nommée directrice de la santé familiale de l’Union des Comores.

Je travaille aujourd’hui dans le cabinet médical de mon père : feu Dr ABBAS CHEIKH.

Quels sont les 3 mots qui vous caractérisent le mieux ?

-  La détermination
-  La franchise
-  Et la solidarité

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’association Humanicom, que vous avez créée en 2010 ?

C’est une association que j’ai fondée dans le but d’aider les enfants démunis présentants des maladies curables et ayant besoin de soins ou d’intervention chirurgicale.

Déjà depuis 1997, je me suis proposée de représenter l’association Espoir pour un enfant de Montpellier, j’envoyais des enfants en France pour se faire soigner ; mais seule il m’était difficile de tout gérer. Et ce n’est qu’en 2010 qu’on a lancé la création officielle de l’association au foyer des femmes de Moroni en présence de l’ancien Ambassadeur de France M. Luc HALADE, de la population et de nombreuses personnalités. Nous avons impliqué les écoles et plus particulièrement : l’Ecole Abdulhamid, l’Ecole Française et l’Ecole Mouinate, qui se sont beaucoup investis ce jour-là.

Depuis, nous avons de plus en plus de demandes. J’ai alors noué des contacts avec d’autres associations dont Mécénat chirurgie cardiaque. Les enfants partent se faire soigner en France pour une durée de deux mois en général. Ils sont logés dans des familles d’accueil.

Humanicom travaille avec 3 associations françaises, Mécénat Chirurgie Cardiaque, dont le siège est à Paris, Espoir pour un enfant basée à Montpellier et Aviation Sans Frontières. Comment travaillez-vous avec ces associations ?

Je leur adresse le dossier médical du patient, une fois accepté, Humanicom travaille en étroite collaboration avec une des associations française pour organiser le départ.

Ces associations prennent en charge les coûts d’hospitalisation et d’intervention et l’association Humanicom récolte des fonds (plus particulièrement auprès des commerçants) pour prendre en charge les frais de transport (billets d’avion). Les familles qui le peuvent, participent aussi à l’achat du billet d’avion.

Les frais de fonctionnement de l’association (véhicules, essence, téléphone…) viennent directement des membres de notre bureau.

Avez-vous l’intention de développer de nouveaux partenariats en France ou dans d’autres pays ?

Oui bien-sûr ; d’ailleurs en ce moment même, Mme Yasmina CHOUZOUR, chargée des évacuations, se trouvant actuellement en France est en train de remplir cette mission auprès de la diaspora et d’autres associations françaises et suisses.

Quels sont vos partenaires comoriens ?

Les artistes, la presse locale et nationale (écrite et audiovisuelle), les commerçants et le ministère de la Santé.

Quelles sont les ambitions d’Humanicom ?

Qu’Humanicom devienne une ONG à caractère régional (Océan Indien). Nous souhaitons aussi développer un réseau de soutien scolaire.

Que pensez-vous des conditions sanitaires aux Comores ?

Il est vraiment dommage qu’on en soit à ce niveau aujourd’hui. Je trouve que notre système de santé se dégrade de jour en jour.

Le fait que vous soyez une femme a-t-il eu une incidence sur votre carrière en tant que docteur ? Quelle est votre perception de la parité hommes-femmes aux Comores ?

Ce n’est pas toujours facile, surtout la gestion du point de vue familial. Je fais un double travail. On reste une « femme comorienne » avant tout. Tout est donc une question d’organisation.

Au niveau du travail en lui-même, lorsque j’étais à mes différentes postes, certains hommes avaient du mal à accepter mon autorité. Il faut donc savoir être ferme tout en restant diplomate.

Je trouve qu’il y a toujours des inégalités aux Comores, indirectement. Et cela se ressent beaucoup plus dans les villages du fait sans doute, du poids de la tradition du pays. Mais on est respecté en tant que médecin.

D’une façon générale, quel rôle, selon vous, les femmes doivent-elles aujourd’hui jouer pour le développement de leur pays ?

Les femmes ont un grand rôle à jouer. Elles doivent s’investir beaucoup plus dans tous les domaines et pouvoir ainsi se faire entendre. Elles ont le sens de l’organisation, de la négociation et elles ont des compétences requises pour le développement de notre pays.

Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui aux jeunes Comoriens, hommes et femmes, qui souhaitent contribuer au développement de leur pays ?

Je conseille à tous ces jeunes comoriens de profiter de leur fraicheur d’esprit, pour persévérer dans les projets d’aide au développement de notre pays. Je leur conseille de ne chercher que les grandes lignes des choses importantes, et de toujours travailler dans la transparence et l’honnêteté.

Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé, nous vous souhaitons une bonne réussite dans vos projets aussi bien personnels que professionnels.

 

 

Source:ambafrance-km.org.