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Rachad 17 septembre 2019

La folie prend de l’ampleur dans notre pays. Ce trouble de comportement majeur touche pour la plupart du temps les jeunes de moins de 35 ans. Tous les villages et villes des Comores sont pratiquement touchés par ce phénomène de plus en plus grandissant. Il est devenu pratiquement impossible de faire une heure de marche à Moroni sans croiser un malade mental. Ces personnes sont systématiquement marginalisées et stigmatisées tout en faisant l’objet de moqueries et parfois d’agressions physiques.

L’absence de prise en charge médicale de ces malades est trop criante. Les familles se trouvent donc dans le désarroi le plus absolu ne sachant pas sur quel saint se vouer. J’ai eu récemment le témoignage d’un haut cadre du ministère de la santé qui m’a illustré impuissant, ce constat amer de désengagement vis-à-vis de ces malades. Il m’a en effet confirmé que la santé mentale a toujours été le parent pauvre des programmes de son département.

Pourtant la demande est réelle et la souffrance des malades et des familles demeure palpable. Ces gens qu’on a tendance à discréditer et à se moquer car pense-t-on, ils ne nous ressemblent pas, portent un fardeau de douleur psychique insoupçonné. Pour comprendre cette souffrance, il suffit de faire une petite immersion dans leur psychisme.

Avec une écoute active et beaucoup d’attention, on verrait que ces gens souffrent tout d’abord de beaucoup de migraines. Ils vivent un calvaire mental insondable qui se caractérise pour les plus atteints par des hallucinations olfactives, visuelles et auditives pour ne citer que celles-là. Cette frange de patients qu’on appelle les psychotiques selon la classification classique, entendent et voient des choses étonnantes et effrayantes que nous ne voyons ni n’entendons.

#ALORS_QUE_FAIRE ?

A cela s’ajoute les tendances suicidaires pour beaucoup d’entre eux à cause de la stigmatisation et des pulsions schizophréniques ou dépressives inhérentes à cette fragilité mentale.

Pourquoi cette prolifération de malades mentaux dans notre pays ? Peut-on renverser la tendance? A la première question, on peut s’hasarder à pointer du doigt le facteur lié à l’avenir de certains de nos jeunes. Hormis la consommation excessive et multiforme de drogue et d’l’alcool, le mal être associé à l’absence de perspectives d’avenir professionnel pour certains, demeure probablement un facteur psychopathogène non négligeable. Enfin, les déceptions amoureuses, familiales et sociétales ne sont à négliger.

Alors que faire ? La réponse revient aux autorités sanitaires de notre pays. Comme les maladies chroniques, je pense que la santé mentale doit avoir sa place dans les programmes prioritaires du ministère en charge de la santé. Comment comprendre que les Comores ne disposent que d’un seul psychiatre alors que les médecins généralistes sont nombreux et ne demandent que la possibilité de se spécialiser ? Pourquoi aucune étude en santé mentale n’est effectuée depuis l’Enquête épidémiologique multicentrique France-Océan indien pilotée par le Professeur Jean-Luc ROELANDT en 1999 ? Pourquoi les recommandations de cette étude n’ont jamais préoccupé les autorités compétentes de notre pays? Une campagne contre la stigmatisation ne changerait-elle le regard du grand public sur ces femmes et hommes vulnérables ? Ne serait-il pas temps que nos autorités sanitaires mettent réellement en place un plan d’urgence avec les moyens humains et financiers adéquats en faveur de la santé mentale ? Que des questions qui méritent une attention très particulière me semble-t-il.

ABDOULFATAH BOINA
Administrateur au ministère de l’éducation nationale

 

Source:Nass-Info Moroni